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GALA
n°546 (du 26 novembre au 2 décembre 2003).
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Couverture *
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Pages 40 & 41 *
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Page 42 *
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Elle déboule comme un ouragan dans le
salon silencieux et ouaté de l'hôtel Hyatt. Le cou coincé par un mauvais
torticolis. Sous le bras, son bichon maltais, Tequila (surnommé "Présidente"
parce que Jacques Chirac, croisé lors d'un congrès franco-allemand, lui a promis
d'arranger un rendez-vous avec son propre bichon, Sumo !). A ce souvenir,
Patricia Kaas part d'un bel éclat de rire. Mais où est passé la star aux regards
éthérés et aux soupirs romantiques, la Marlène du blues ? Simple mirage... La
petite Lorraine au passé douloureux s'est offerte pendant des années aux regards
des hommes, compositeurs, amants. Epoque révolue. A trente-sept ans, c'est elle
qui mène enfin la danse, en solo...
En appelant votre dernier album
"Sexe Fort", vous frappez un grand coup. Patricia la romantique, c'est fini
?
On a souvent mis en valeur mon côté
mélancolique, sensible, mais les gens qui m'ont vue sur scène savent que j'ai
une certaine puissance. Je suis une femme indépendante. Et puis aujourd'hui je
me sens mieux dans ma tête et dans mon corps. A mes débuts, j'étais vraiment
fragile. Mais bon, j'avais des circonstances atténuantes : j'ai perdu ma mère
très jeune et j'étais paumée...
Vous adorez les voitures, vous
roulez en Mercedes classe M. N'auriez-vous pas un côté garçon manqué
?
C'est vrai que je suis très
aventurière. Je n'ai pas peur des défis. J'ai passé mon permis à dix-huit ans
pile. J'adore rouler, assez vite d'ailleurs... Disons que j'ai une conduite
sportive ! Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi, lorsqu'une femme va
prendre un verre dans un bar, elle est mal vue...
Et en amour, il y a d'autres
jugements qui vous choquent ?
Par rapport au couple, je raisonne
un peu comme un homme. C'est humain d'être attiré par quelqu'un d'autre. Moi,
penser que mon fiancé a passé un moment avec une autre femme... comment dire...
je ne veux pas le savoir, mais ça ne me dérange pas plus que ça. Le sexe,
finalement, c'est assez animal. Ce qui me ferait du mal, ce serait de les
surprendre tous les deux main dans la main en train de regarder un film.
Il y a deux ans, vous avez tourné
avec le professionnel du "chabadabada", Claude Lelouch. Pensez-vous l'avoir
inspiré parce que vous êtes une grande amoureuse ?
D'abord, je ne crois pas être une
grande amoureuse. Pas encore, en tout cas. Je ne suis peut-être pas faite pour
le mariage. Et puis c'est difficile de vivre avec moi. Je suis passionnée par
mon métier, souvent je ne fais pas attention à l'autre, je suis un peu égoïste.
C'est dangereux l'indépendance.
Votre dernier compagnon, Daniel,
l'a-t-il accepté ?
Non, c'est pour cela que nous nous
sommes séparées il y a peu de temps. L'année dernière, pour mon anniversaire, il
m'a dit : "On reste tous les deux, il est hors de question que tu sois ce
jour-là en concert." Il n'avait pas tort. L'amour c'est aussi le partage. Je
n'ai pas eu beaucoup d'hommes dans ma vie, mais aujourd'hui je pense savoir
pourquoi ça n'a jamais marché : ils n'étaient pas du métier.
Le métier passe donc avant tout...
même avant un enfant ?
Je vis au jour le jour. Les
blessures amoureuses, je les assume. Elles m'ont embellie. Mais si, à
quarante-quatre ans, je n'ai toujours pas d'enfant, ça me posera un vrai
problème.
Vous n'abordez pourtant jamais la
marternité dans votre album...
Si, mais entre les lignes. Dans le
titre "Je le garde pour toi", j'évoque ma peluche, un petit nounours tout usé
que j'avais offert à maman. Je l'ai toujours, et je le donnerai plus tard à mon
bébé.
Et comment voyez-vous le père
?
J'arrête de me poser ce genre de
question. Si je ne le fais pas avec l'homme de ma vie, tant pis. Je suis prête à
l'élever seule. Certains couples éduquent leurs enfants et n'arrêtent pas de
s'engueuler. Ce n'est pas mieux...
Etes-vous définitivement installée à
Zurich ?
Non. J'y ai loué un loft de 210
mètres carrés, mais ce n'est pas possible de vivre seule là-dedans ! Je cherche
à acheter quelque chose... à Saint-Rémy-de-Provence, Paris, Zurich...
Vous n'avez jamais été propriétaire
?
Si, un appartement à Paris. Quand je
m'en suis séparée, ç'a été très difficile. Une de mes histoires d'amour, qui
avait duré six ans s'achevait, il me fallait absolument tourner une page. Mais
je n'ai pas réussi à signer moi-même la promesse de vente, j'ai
délégué.
Pourquoi était-ce aussi douloureux
?
C'était mon premier "vrai chez moi".
Et c'était lié à ma mère. Elle rêvait d'avoir une ferme ou quelque chose dans le
genre. Quand je l'ai visité pour la première fois, je me suis mise devant sa
photographie et je lui ai parlé : "J'ai vu un appart', il t'aurait plu, avec des
vieilles poutres, des cheminées." Au moment où je l'ai dit, la photo est tombée.
J'ai pris ça comme un signe. J'ai tout de suite appelé pour
l'acheter.
Aujourd'hui, pensez-vous avoir
trouvé les "clefs du bonheur", pour reprendre la phrase d'un de vos titres
?
Non. Je les cherche encore. Mais si
je les connaissais vraiment, ma vie serait triste. De la même façon que je ne
peux pas tracer le portrait de l'homme idéal. Il me reste encore à le
découvir...
Propos recueillis par Emmanuelle Dufaure
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merci à Laurence pour les scans du magazine
"Gala"
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