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L'Express
n°2737 (du 18 décembre au 24 décembre 2003).
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Frêle et délicate, mais poids lourd de
la chanson française - 15 millions d'albums vendus - Patricia Kaas a chanté le
blues, rassemblé 3 millions de spectateurs en quinze ans et battu des records
hors de frontières. A 37 ans, chanteuse, installée à Zurich, amorce un virage
avec "Sexe fort", un septième disque plus éclectique. Kaas se raconte dans le
bar d'un hôtel parisien en courant après sa chienne, Tequila. Elle a une hernie
discale, mais il fait beau et George Clooney, dont elle est fan, se trouve dans
les parages.
Êtes-vous une femme forte
?
En tout cas indépendante, libre,
volontaire. On parle souvent de mélancolie à mon sujet, ce n'est pas faux non
plus : la mélancolie est dans mon caractère, mais cette image s'est accentuée
avec des succès comme "Il me dit que je suis belle" et "Une fille de l'Est".
Claude Lelouch m'a confié un jour qu'il y avait une grande tristesse dans mon
sourir et que, du coup, ça le rendait plus marquant. Cette puissance que j'ai
aussi en moi, elle explose sur scène. Alors, sans doute que "Où sont les hommes"
(son single), avec ses guitares, surprend autant que mon attitude. Je présente
ce titre à la télé avec un groupe de fille, et le chanteur de Pleymo a réalisé
mon clip.
Parmi vos auteurs-compositeurs
figurent Goldman et Obispo, deux fidèles, mais aussi Cabrel, Renaud, Bertignac,
Roda-Gil.
Ca m'a surprise que toutes ces
grandes plumes se penchent sur moi. Je suis peut-être naïve, mais je ne vois
toujours pas quelle place j'occupe dans ce métier, même si je sais que j'inspire
le respect. Pendant que je réunissais mes dernières chansons, j'ai songé à faire
appel à la nouvelle génération : Raphaël, Bénabat, Mickey 3D ou Keren Ann, mais
je n'ais pas osé. Vous voyez comme je doute.
Ce sont des chansons
autobiographiques...
Où je pose des questions, où je
culpabilise, mais pas sans raison. Les textes sont directs, comme la musique.
"Ma blessure" est dédiée à ma mère (disparue en 1989), "J'en tremblerai encore"
à mon frère, décédé l'année dernière. Que reste-t-il après un deuil, sinon une
blessure, une cicatrice ?
Comment avez-vous vu les métier
évoluer ?
Les médias audiovisuels ont pris le
dessus, ils décident presque pour vous. Avant, le programmateur radio décrétait
: "J'aime ou j'aime pas." Maintenant, c'est : "On verra ; si ça marche on passe
votre tire." Le nombre de chanteurs confirmés qui n'ont plus de contrats fait
peur. Pourtant, la chanson a besoin de vrais artistes. Si on les décourage, qui
va-t-il rester ?
Les élèves de la Star Academy ou de
Popstars, par exemple...
Certains on des qualités. A leur
âge, j'aurais aussi tenté l'aventure. De là à les propulser sur le devant de la
scène sans expérience... Moi, j'ai quand même commencé à l'âge de 8
ans.
Que pensez-vous de la vague des
chanteuses à voix qui vous avez précédée ?
Lara Fabian a une grande technique
vocale. Hélène Ségara, Julie Zenatti, Natasha St-Pier savent chanter. Ma voix
est plus grave que la leur, plus rare, son grain tire vers le blues. Vu cette
concurrence, c'est une chance.
En 1987, vous présentiez
"Mademoiselle chante le blues" quasiment en col roulé. Aujourd'hui, vous vous
promenez le nombril à l'air.
Tout le monde change. Désormais,
même les héroïnes de dessins animés ont des décolletés vertigineux. J'ai 37 ans,
on me trouve jolie, j'en profite. Les photos, les poses ne sont pas que sexy :
se dévoiler c'est donner de soi dans tous les sens du terme.
Vous vous êtes produite 800 fois en
concert. Si vous ne deviez n'en retenir qu'un ?
C'est difficile... Propablement
celui que j'ai donné au Festival de jazz d'Antibes à mes débuts. Au milieu de la
cinquième chanson j'ai réalisé que deux jours plus tard j'allais chanter à
Forbach devant ma famille... et j'ai perdu ma voix.
Propos recueillis par Gilles MEDIONI
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merci à Laurence pour les scans du magazine
"L'Express"
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