La
presse du 10 au 16 novembre 2003 avec Patricia Kaas
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VSD,
n°1368 (du 13 au 19 novembre 2003).
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Couverture *
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Pages 36 & 37 *
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Pages 38 & 39 *
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Justement,
son septième album s'appelle "Sexe fort". Un disque dans
lequel la chanteuse préférée des Français partage son intimité.
Une femme forte, qui s'assume.
Dans votre premier single, vous demandez "Où sont les hommes
?". On a envie de vous répondre qu'ils sont dans votre album.
J'ai été la première étonnée que tant de monde ait envie d'écrire
pour moi. Et cela m'a rendue plus forte. Forcément, après quinze
ans de carrière, on doute, d'autant que des émissions comme "Star
Academy" ou "Popstars" lancent des tas de jeunes
artistes. Être "servie" comme ça, suel cadeau !
On a l'impression que vous avez un statut de monument national,
avec lequel il est de bon ton de travailler.
Je ne me suis pas dit que j'étais devenue la tour Eiffel de la chanson,
mais plutôt que j'avais de la chance.
Est-ce qu'ils vous ont dit pourquoi ils voulaient travailler avec
vous ?
Quand quelqu'un m'écrit une chanson, je me demande encore pourquoi
il a pensé à moi. Idem quand un joli garçon s'intéresse à moi, je
me demande toujours pourquoi il m'a choisie. Avec cet album, j'avais
envie d'étonner. Quand je suis sur scène, une certaine émotion se
dégage, mais aussi beaucoup de puissance. Cette force de caractère
ne transparaissait pas dans mes albums, j'avais envie de réparer
se déséquilibre. Je cherchais des textes plus directs, plus punchy
même.
Est-ce qu'on peut parler d'un réveil ?
Non, pas forcément. Cet état d'esprit, je l'ai sur scène. Mais il
n'était pas facile de trouver des chansons avec autant de force,
les auteurs-compositeurs me disaient que je leur inspirais plutôt
l'émotion, quelque chose de plus fragile. Le but n'était pas de
faire du rock, mais de faire du brut, du puissant.
Avez-vous encore besoin d'étonner ?
J'ai toujours eu besoin de me surprendre moi-même, avant d'étonner
les autres. Je n'aime pas m'installer dans quoi que ce soit. Je
trace, c'est comme ça. Le train train quotidien n'a jamais fait
fonctionner un couple. C'est pareil dans la chanson.
Est-ce un album féministe ou féminin ?
Féminin, parce que j'en suis l'interprète. Tout est parti d'une
simple constatation. Aujourd'hui, les femmes mènent la danse dans
le couple. Elles se posent souvent plus de questions. J'ai remarqué
que les couples partent le plus souvent là où les femmes ont envie
d'aller. Je me considère comme un sexe fort, parce que je suis indépendante,
parce que je m'assume, je suis une femme forte. Cette expression
me ressemble à cent pour cent. Je ne suis pas féministe, je suis
une femme qui a la chance d'être sur le devant de la scène et qui
peut s'exprimer.
Être un sexe fort vous a-t-il handicapée dans vos relations de couple
?
J'ai perdu tôt mes parents, j'ai dû être indépendante, me batte,
c'est ça ma vie. Par rapport aux hommes, c'était un peu plus compliqué.
Être trop indépendante, cela peut aussi être un problème. Maintenant,
quand je suis avec quelqu'un, je m'adapte. C'est aussi ça, l'amour
: partager. Mais il est vrai que je me suis construit un petit monde
dont j'ai besoin, la liberté de ne pas avoir toujours quelqu'un
qui me "colle". Je ne sais pas si la force peut faire
peur. Les hommes savent quand même que j'ai une certaine sensibilité,
une certaine mélancolie. L'autre problème, ce n'est pas forcément
ma force de caractère, mais la célébrité. On l'accepte ou pas !
Y a-t-il un brin de désabusement ?
Il n'y a ni tristesse ni lassitude. Ma philosophie est de vivre
au jour le jour. Mais, parfois, il serait bon que je doute moins,
je souffre d'un manque de confiance en moi.
Votre précédent album, "Piano Bar", en anglais, a moins
marché que d'habitude. Avez-vous perdu confiance en votre public
?
J'ai eu davantage peur de le décevoir que de son absence. Est-ce
qu'il va comprendre, aimer cette partie de mon caractère que je
dévoile aujourd'hui ? Un caractère que seuls les vrais fans connaissent
pour m'avoir vue sur scène. J'ai l'impression d'avoir beaucoup chanté
l'émotion. Désormais, je chante aussi d'autres sentiments. Cet album
est plus autobiographique.
Une de vos chansons s'intitule "Les clés du bonheur".
Quelles seraient les clès de votre bonheur ?
Pour moi, c'est cette liberté qui fait que l'on ne se sent pas emprisonné
dans une relation. Je n'appartiens qu'à moi. C'est ce dont j'ai
besoin avant tout.
Vieillir seule ne vous fait pas peur ?
Cette peur existe, mais il y a d'autres choses autour de moi, comme
l'amitié. Je suis entourée de gens que j'aime vraiment beaucoup.
Donc, je vous rassure, je ne vieillirai pas seule. Mais il est certain
que, dans quelques années, si je n'ai toujours pas d'enfant, cela
posera problème, je le sais.
Cette trop grande indépendance y serait-elle pour quelque chose
?
Non, cette indépendance est une vraie force. J'ai perdu un frère,
il y a un an... Il s'occupait de tout et, depuis, sa femme est complètement
larguée. Moi, je ne veux pas de ça. Je ne m'oblige jamais à rester
avec quelqu'un.
Dans l'album, Obispo vous a écrit une chanson en hommage à l'abbé
Pierre. Une homme avec qui vous partagez l'honneur de figurer dans
le classement des personnalités préférées des Français. Ne plus
être dans cette liste un jour vous toucherait-il ?
Oui, cela me motive d'être dans ce genre de palmarès. J'ai l'impression
d'exister, cela veut dire que je suis toujours là.
Désormais, vous dévoilez votre féminité.
A mes débuts, l'important était de présenter une voix, maintenant
on la connaît. J'avais surtout moins confiance en moi, je ne me
trouvais pas particulièrement jolie. Cela s'acquiert. Et puis je
vivais à travers l'ombre de ma mère. A l'époque, quand je prenais
une décision, je la prenais en fonction de ce qu'elle aurait fait,
et pas en fonction de ce qui me faisait plaisir à moi. Le deuil
a été très long à faire. En 1997, avec l'album "Dans ma chair",
il y a eu un déclic. Et puis, si je ne fais pas des photos sensuelles
maintenant ce n'est pas dans dix ans que je le pourrai. Souvent
on m'a reproché de ne pas être la même que dans la vie. Aujourd'hui,
je suis en osmose avec moi-même.
Propos recueillis par Matthias GURTLER "Sexe
fort" (Columbia/Sony) sortie le 1er décembre.
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merci à Laurence pour les scans du magazine
"VSD"
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