Patricia Kaas essaie son costume de rockeuse au Grand Rex
Etape parisienne et électrique pour la créatrice de "Mon
mec à moi".
Inlassablement, sincèrement, Patricia Kaas décline ses identités. Celle de
cet automne 2004 est rock, rock dur, même si elle entre en scène drapée dans un
manteau de gala Armani. C'est D'Allemagne, l'un de ses fondamentaux, avec
Mademoiselle chante le blues, Mon mec à moi, etc., qui ouvre ce bal marqué du sceau énergique de
deux guitaristes (Pascal Betremieux et Michael McDonald), d'un bassiste (Derrick
McIntyre) et d'un joueur d'harmonica (Diabolo). A côté, Roy Martin, le batteur,
semble sortir tout droit des autos tamponneuses - la chanteuse elle-même pouvant
en rajouter dans le rôle du bateleur.
D'Allemagne, donc, elle livre une version étonnante : une alternance
de rock à guitare, fort en gueule, à poigne, et d'une vraie douceur
d'expression. Cette méthode du yin et du yang, du féminin-masculin, sera
appliquée du début jusqu'aux rappels. La chanteuse à voix, au grain très
particulier, grave, un coffre remarquable, est habillée de sortes de lambeaux
gothiques, haute couture.
Sous un décor d'abat-jour à perles et de colliers d'ampoules, Patricia Kaas
dit à son public : "Je veux jongler entre la puissance et l'émotion, car dans
mon caractère il y a un mélange de mélancolie et de volonté." Ces principes
établis lui permettent de chanter Question de temps, dont la musique est
signée de Louis Bertignac - ex-Téléphone et artisan de l'album à succès de Carla
Bruni -, comme du Bertignac. En signe d'allégeance au rock populaire,
l'interprète ajoute à son répertoire scénique Toute la musique que
j'aime. Ici, comme au finale de Mademoiselle chante le blues,on
s'attend à tout : elle est à deux doigts de sauter dans la foule.
Il y a une séquence guitare-voix, au milieu, plus intime, des moments de
nostalgie amoureuse (Je voudrais la connaître), de l'ennui (Des
regrets) et des emphases (Ceux qui n'ont rien), mais, pour le reste,
Patricia Kaas saute, s'ébroue, s'étire, en chantant beaucoup de chansons de
Jean-Jacques Goldman et de Didier Barbelivien.
Il y a sur scène des symboles féminins dessinés, rappel de son dernier album,
Sexe fort, dont elle sauve ce qu'elle peut - Peut-être que
peut-être, paroles de Francis Cabrel, Où sont les hommes, une belle
chanson de Léa Ivanne. Depuis Mon mec à moi, celui qui parle de voiture
et d'aventures, Patricia Kaas s'est forgé une idée plus contrastée de la
responsabilité masculine.
Chanteuse de variétés populaire, critiquée à ce titre, elle continue de se
chercher un profil idéal. Au Cirque d'hiver, en octobre 2002, elle sortait d'un
film tiède - And now, Ladies and Gentlemen, de Claude Lelouch - et en
interprétait le thème ainsi qu'une brassée de classiques français devenus des
standards aux Etats-Unis. Elle eut auparavant des envies de cabaret sexy, à
Bercy. La voici rock, donc.
Véronique Mortaigne
Le 16 octobre, 20 h 30, au Grand Rex, 1, bd Poissonnière, Paris 9e , M°
Bonne-Nouvelle. Tél. : 01-45-08-93-89. De 41 à 59 € . Puis tournée européenne
jusqu'en avril 2005.
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